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Nous voici donc
repartis, Jean-François et moi, sur la "grande salée" prêts à parcourir de nombreux
miles sur ce bateau tout neuf, le
"Patago
50",
qui ne demande qu'à voyager.
J'écris "re-partis" puisque c'est notre deuxième voyage entrepris au
départ de la France. Le premier, c'était en 1985, à bord du "Dalite",
dériveur intégral de 10 m en aluminium sur plan de Jean-François André.
Nous avons visité l'Espagne, le Portugal, Madère, les Canaries, le Cap
Vert, le Brésil, la Guyane, la côte est des Etats Unis (où nous avons
embarqué notre chat Chiclette) avant de se poser pendant 4 années à St
Martin aux Antilles. La caisse de bord avait grand besoin d'un
renflouement d'urgence.
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A Saint Martin, sous le crayon de Jean-François, est né le
"Cachoeira",
dériveur intégral de 13,50 m en aluminium avec lequel nous avons repris la
route du large pour la côte des USA jusqu'à la frontière canadienne. Puis
nous sommes redescendus vers les Bahamas, le Canal de Panama, les
Marquises et les Iles de la Société. Nous avons eu l'opportunité de vendre
"Cachoeira" à Tahiti. Aussi, nous sommes revenus en France avec peu de
bagages et Chiclette dans son panier, mais avec le projet de construire un
nouveau bateau, le Patago 50 et de repartir en direction de l'Alaska, 4
ans plus tard.
"Cachoeira" a poursuivi
sa route vers l'ouest de l'Océan Pacifique, a passé le canal de Suez, et
est arrivé en France en ayant satisfait complètement les attentes de son
nouveau propriétaire (qui envisage un second voyage vers Tahiti, ce qui
bouclerait le tour du monde pour le bateau) "Dalite" a été moins chanceux.
Resté à Saint Martin, les terribles cyclones Luis et Lena ont eu raison de
lui.
Notre projet initial
était de rejoindre les Açores puis la côte est des USA et enfin le Canal
de Panama. Mais on ne fait pas toujours comme on le souhaite et les
saisons ont choisi de nous dicter notre route.
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Mi-juillet 2002,
nous sommes partis de l'île d'Yeu où notre passage fut dignement
fêté en compagnie des oyens et de la famille. La traversée vers les
Açores fut très calme, beaucoup de cargos, avec une importante
concentration de navires au large du Cap Finisterre.
Sur les 11
jours de mer, nous avons eu un coup de vent en passant au large du
cap Finisterre, du calme plat pendant 4 jours et du vent de
Sud-ouest pour arriver à Sao Miguel ! Pendant les jours où nous
étions encalminés, les thons venaient se mettre à l'ombre du bateau.
Nos plus jolis leurres, agités négligemment sous leurs nez, ne les
ont pas interpellés plus que cela.
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Pavillon du Portugal
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Pavillon des Açores
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Ville de Ponta Delgada

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Arrivés à Ponta Delgada, Sao Miguel, nous nous installons dans la
toute nouvelle marina située en pleine ville. Les services sont
impeccables, et les employés sont d'une grande gentillesse. Le
gouvernement des Açores avec l'aide des fonds de la communauté
européenne, a créé dans toutes les îles des marinas semblables où
sont appliqués les mêmes tarifs.
Je retrouve avec
plaisir la langue portugaise que j'avais mise en sommeil dans un coin de
ma tête depuis notre séjour au Brésil en 1986. La ville de Ponta Delgada
est très belle. Les trottoirs sont décorés de pierres noires et
blanches disposées harmonieusement et formant des étoiles, des spirales,
des fleurs et des arabesques.
Nous sommes allés nous promener dans l'île. Les routes sont bordées
d'hortensias (en fleur lors de notre passage).
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Partout en campagne, de nombreux petits prés très verts ceints d'une haie
d'hortensias ou d'un muret de pierre de lave, abritent des vaches blanches
et noires. Les terrains étant pour certains très en pente, les fermiers
vont traire leurs bétails avec de petites trayeuses électriques montées
sur roues et tractées par de puissants 4X4.
Il existe encore de nombreux
petits exploitants qui vont rejoindre leurs vaches en compagnie d'un âne
portant les deux bidons de lait en aluminium
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Il y a beaucoup
de lacs à l'intérieur de l'île, apportant une réserve d'eau
douce très importante. Les plus célèbres sont les Lacs Vert et
Bleu de Sete Cidades. Quand nous y sommes passé le ciel était
couvert et nous n'avons pas pu admirer les couleurs réelles de ces
deux lacs.
Au fond des cratères, certains volcans éteints ont donné naissance à
des sources chaudes très ferrugineuses, ainsi que des
fumerolles notamment dans la région de Furnas. On peut y trouver un
magnifique parc très verdoyant où sont représentés de nombreux
spécimens de plantes tropicales, ainsi qu'une vaste piscine ronde
d'eau chaude et ferrugineuse dans laquelle on peut se baigner et
profiter des bienfaits de ces eaux.
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Avec toutes ces vaches,
il y a une grande production de fromages différents. Cela va du fromage
frais de vache, au fromage au lait de chèvre et brebis. On trouve
aussi de petits fromages très secs que j'ai conservé dans un bocal fermant
hermétiquement avec de l'huile aromatisée. L'artisanat local est varié :
on trouve de petites figurines en feuille de maïs ou de glaïeuls séchées,
revêtues des costumes traditionnels ; de petits tableaux en écailles de
poisson colorées qui composent délicatement des bouquets de fleurs ; bien
sûr le travail de gravure sur os ou dent de cachalot très présent partout
dans les îles ; beaucoup de poterie décorée de dessins où domine le bleu
cobalt ; les couvertures tissées (ou couvre-lit ou tapis) aux couleurs
vives traditionnelles ; les broderies faites à la main et la vannerie sont
très présentes aussi.
Nous avons visité les
îles de Sao Miguel, Terceira, Horta et Pico sur les 9 îles qui composent
l'archipel. Il pleut beaucoup et les montagnes des îles retiennent bien
les nuages qui traversent l'Atlantique sans rien trouver sur leur passage.
Partout les gens sont discrets et nous ont donné un accueil chaleureux.
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Terceira est l'île la plus sèche. Nous étions dans la marina de la
ville de Angra Do Heroismo. La ville est en pleine rénovation car
elle fut très touchée lors du tremblement de terre en 1998.
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Horta
reste égale à elle-même. C'est le port d'escale de prédilection des
voiliers rentrant sur l'Europe. Arrivés lors de la Semaine de la Voile,
il y avait de nombreuses animations sur le port, et le front de mer
était illuminé de milliers d'ampoules colorées. Les murs de la marina
sont recouverts de dessins plus beaux les uns que les autres, ainsi que
le sol et les escaliers. C'est une tradition de faire son dessin à
Horta qui est généralement le dernier port avant de rejoindre l'Europe.
La marina a été agrandie dans sa partie sud où nous étions amarré.
Nous avons fait le tour de l'île en bus, mais le paysage fut
essentiellement des nuages bas, les points de vue : du brouillard !
Nous avons bu bien sûr une bière au très réputé bar: le Café Sport
de Peter. Son magasin de vêtement/souvenir ne désemplit pas.
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Pico, notre
dernière île des Açores. L'île où la vie est la plus calme. C'est
elle qui a fourni le plus grand nombre de pêcheurs de cachalot.
D'ailleurs, à Lages, il y a un musée très intéressant où on peut
admirer de nombreux spécimens de gravures sur dents et os de
cachalot.
Partout à Pico, il y a de la vigne entourée par de petits murets de
lave très noire. Qui dit de la vigne dit le vin ! Nous avons pu
déguster le vin de Pico qui se laisse bien boire ! Madalena étant
notre dernier port des Açores, nous avons fait notre dessin sur le
mur de protection du port de pêche.
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Tant
de beauté et de simplicité nous ont fait oublier le temps qui passait et
nous voici déjà fin août. Le temps de traverser sur la baie de Chesapeake
et la saison des cyclones tropicaux aura commencé nous promettant une
descente le long de la cote américaine des plus agitée. Aussi, nous
choisissons la route des Canaries. Le 25 août, nous dirigeons notre étrave
vers l'île de Tenerife |

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